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Le regarder... pour l’aimer.

A l’occasion d’une récollection, le 2 juin 2007 et pour se préparer à la fête du Sacré-Cœur, nous avons reçu cette méditation.

LE COEUR OUVERT DE JESUS

Nous sommes rassemblés dans la perspective de la fête du Sacré-Cœur, le mois de juin étant dédié au Cœur de Jésus. Quand on me demande de parler du Cœur de Jésus, je sens en moi un mouvement de retrait, non point que je ne sois attiré et séduit, mais qui suis-je pour parler d’un si grand et profond mystère ?! On est saisi d’une crainte car on ne voudrait pas par ses paroles voiler ce mystère. Aussi, on ne peut que balbutier… C’est l’Esprit qui nous conduit à ce mystère. Le Seigneur parlera à votre cœur…Sa parole est parole et action tout à la fois.

J’étais frappé ce matin par : « Ils élèveront leur regard vers Celui qu’ils ont transpercé ».



C’est ce que nous voulons faire aujourd’hui : élever…voir…. La vue est un de nos sens. Ce sens semble d’abord éminemment passif… Une image se forme sur notre rétine qui vient vers nous. C’est passif et cependant nous sommes maîtres de notre regard. Nous pouvons diriger notre regard dans la direction que nous voulons. Mon étonnement est grand car on livre la maîtrise de ce regard à n’importe qui, sans discernement. Ainsi quand je regarde la TV, je livre mon regard au cinéaste. Ma conviction est celle-ci : il y a des spectacles qu’il vaut mieux ne pas voir, qui avilissent ! Ainsi, voir un homme qui tape sur un autre homme qui reste inanimé à ses pieds, permet de dire : « Là n’est pas l’Esprit Saint » ! Il vaut mieux ne pas voir cela… Il reste une blessure… Par contre, il y a des spectacles qui élèvent. C’est à nous à diriger notre regard !

Nous évoquons la contemplation… Nous pensons : « Oh ! Ce n’est pas pour moi ! C’est pour les religieux ! » Mais c’est très simple ! Tout le monde peut contempler. Je l’ai compris un jour où je voyais ma mère assise au jardin regardant avec amour, avec admiration ses petits-enfants s’ébattre dans la piscine : elle contemplait… C’est cela contempler : regarder avec intérêt, avec émerveillement, avec amour…La contemplation fait partie de la vie chrétienne. Tous les chrétiens sont invités à la contemplation. La preuve : c’est le commandement de Jésus :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous aimés ».
Comment aimer comme Lui si on ne prend pas le temps de regarder ? Dans le commandement : « aimez comme… » est impliqué l’appel à la contemplation. C’est ce que nous voulons faire ce matin : tourner notre regard vers Celui qui est transpercé..

Cette parole est dans l’Evangile de Jean quand il parle de Jésus en croix, lorsqu’on vient de percer le côté de Jésus. Jean dit que c’est l’Ecriture qui s’accomplit. En Zacharie nous lisons
« En ces jours-là, je répandrai un Esprit de bienveillance et de supplication. Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. On fera sur lui des lamentations comme sur un fils unique, on pleurera comme sur un premier-né » (Zacharie 12,10).

Avec Jean et Marie on pleure… En même temps, il n’y a pas que des larmes. Jean voit le Christ transpercé autrement. Il parle de la glorification de Jésus sur la croix. Sur la croix, Jésus est dans sa gloire : « Il est magnifique » ! Or, il devait être laid et douloureux à voir… Comment Jean peut-il voir ainsi ? Par la lumière de l’Esprit-Saint. La bienveillance annoncée par Zacharie est un signe de la présence de l’Esprit-Saint. La contemplation c’est regarder avec, dans le cœur, la présence de l’Esprit-Saint qui fait voir la réalité invisible.

Jésus est l’Agneau pascal. Aucun de ses os n’a été rompu. Le soldat a touché trois organes vitaux. Il est allé jusqu’au cœur. La souffrance physique de Jésus a provoqué de l’eau dans le bas des poumons. Donc, quand le cœur de Jésus est transpercé, cette eau est l’effet immédiat et physique de sa souffrance. Le Père Cantalamessa suggère que ce sang et cette eau ont été recueillis par Marie. Elle les garde comme un trésor. C’est sa mère…

St Jean décrit cela : tous deux ont vu… Jésus était mort. C’est alors que la prophétie de Siméon se réalise : « Une épée te transpercera le cœur. » C’est lorsqu’on a transpercé le Cœur de Jésus que le cœur de la Mère a été blessé. Donc, Marie a coopéré à notre salut. Elle est la nouvelle Eve…Jean et Marie ont vu ce geste insupportable qui s’acharne sur le cher Fils, sur le cher maître. Oui, Jésus a tout donné… même ce qui était à l’intérieur de lui-même, c’est-à-dire l’Esprit de Dieu.

Il y a en Israël une grande fête avec de l’eau : la Fête des Tentes. On vit sous ces tentes quelques jours pour se rappeler le séjour du peuple au désert. On allait puiser à la piscine de Bethesda et on portait l’eau dans le temple. Or, Jésus monté au Temple, s’écrie d’une voix forte :
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ».
Jean explique :
« … car selon l’Ecriture, des fleuves d’eau vive jailliront de son sein ».
Et il ajoute :
« Il parlait de l’Esprit Saint qui serait donné. »

A la Croix, Jean comprend qu’à ce moment est donné l’Esprit-Saint. C’est un don formidable, un don inouï ! Jésus donne ce qui est à l’intérieur de lui : ce qui rend sa vie belle, ce qui est sa joie, ce qui est sa générosité.

Habités par l’Esprit Saint, nous sommes en communion avec Jésus. Il suffit d’élever le regard vers Celui qui est transpercé pour que s’écoule en nous son amour. Le premier mouvement de la contemplation dans la vie chrétienne c’est s’ouvrir pour accueillir. C’est cela la Foi ! La Foi est un accueil. Et cela fait plaisir à Jésus qu’on accueille ce qu’il veut nous donner ! Peut-être le plus grand ! Mais nous disons : « Il faut s’engager… » Or, l’amour n’est pas que donner, c’est aussi recevoir. Et nous pouvons d’autant plus donner que nous avons beaucoup reçu. On peut donner de la gentillesse, c’est bien. Mais recevoir et donner, être un canal de l’amour de Dieu pour les autres, c’est davantage ! Pour être canal, il faut être vide de soi. L’important c’est que l’amour de Dieu puisse passer à travers nous dans une espèce de connivence avec Jésus. St Paul écrit :
« Que tout ce que vous faites, tout ce que vous dites, … que ce soit au nom de Jésus ! »
Parce que Jésus aime et continue à aimer chacune de ses créatures.

« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai… et vous trouverez le repos pour vos âmes »
Il est bon de contempler Jésus : il est La Miséricorde. La miséricorde, c’est le cœur qui se laisse atteindre par la misère de l’autre. La compassion lui est semblable. Avec l’aide de l’Esprit-Saint, nous pouvons lire l’Evangile pour connaître le Cœur de Jésus. Un prêtre âgé à qui l’on demandait  :« Que faites-vous maintenant ? » répondait : « Ce que j’ai toujours fait : regarder Jésus pour essayer de découvrir ce qu’il a dans son Cœur ».
Jean-Paul II a beaucoup souffert par compassion. Jésus aussi !

Dans l’Evangile, il y a de nombreux passages où nous pouvons voir la miséricorde de Jésus à l’œuvre.

Il est soucieux du repos de ses apôtres. Il rêve d’aller dans un coin tranquille… Comment Jésus réagit-il devant la foule qui l’attend de l’autre côté du lac alors qu’il avait un autre projet ? L’Evangile dit :
« Il fut saisi de pitié en voyant la foule prostrée et sans berger.. »
La traduction du texte grec serait : « Ils ont des pattes écorchées et sanguinolentes … ». En voyant cela, Jésus est "saisi de pitié " !

Un autre jour, il entre dans un village avec toute une procession. A ce moment-là, une autre procession sort : c’est une procession funéraire : le fils unique d’une dame veuve. D’un côté, le cortège de la mort, de l’autre celui de la vie. Jésus, en voyant cette femme, fut "saisi de pitié". Il lui rend son fils vivant.

Jésus est invité à un repas chez un pharisien, toutes portes ouvertes. Une dame entre … Or, il n’y a que des messieurs à table. La femme va tout droit vers Jésus. Elle le touche ! « Si c’était un prophète, il ne se laisserait pas toucher » pensent les convives. Jésus prend sa défense : il a vu la détresse de cette femme ! Personne ne nous comprend aussi bien que Jésus.

Voyons Jésus avec Zachée. Cet homme, collecteur d’impôts, est détesté de tous parce qu’il collabore avec l’occupant. Zachée sentait cela ! …Mais comment en sortir ? Quelqu’un l’apprécie… Jésus le libère.

A travers toute l’histoire de l’Eglise se réalise la parole de Jésus :
« Venez à moi, vous tous qui peinez… ».
L’Eglise a toujours été le refuge de toutes les souffrances humaines.

Adorons le Saint -Sacrement. Laissons-nous irradier en fixant notre regard sur Celui qui a été transpercé ...

Jean Simonart-prêtre

 
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